LES PLANTES AFRICAINES

Les plantes africaines  – Les applications modernes dans la médecine traditionnelle du 21 siècle

Dr Corneille DAGBA

L’importance de la médecine traditionnelle en matière de prestation de soins de santé primaire a été reconnue par la Conférence Internationale sur les SSP tenue à Alma Ata, URSS, en septembre 1978. Par la Déclaration d’Alma Ata, il est lancé un appel pour la santé pour tous d’ici à l’an 2000). Cette conférence a été suivie en 1988 par celle de Thaïlande au cours de laquelle la Déclaration « sauvons les plantes qui sauvent des vies, connue sous le nom de Déclaration de Chiang Mai a été faite ».

Toutefois il reste encore pour un certain nombre de pays qui n’ont pas admis, du moins officiellement, la place de la médecine traditionnelle dans l’offre de soins de santé. Cette résistance résulte pour l’essentiel de la distinction philosophique observée entre d’une part la médecine conventionnelle basée sur les résultats d’expérimentations et qui considère la maladie comme la résultante de l’action d’agents pathologiques et d’autre part la médecine traditionnelle qui conçoit que la maladie puisse avoir des causes surnaturelles et survenir suite au déséquilibre entre le corps, l’esprit et l’âme.

A ce titre, le Plan Stratégique 2009-2013 de l’Organisation Ouest-africaine de la Santé (OOAS) a consacré parmi ses activités-clefs, la promotion de la recherche en médecine traditionnelle ainsi que la production et la conservation locale des plantes médicinales ;  la rédaction d’une pharmacopée nationale et sous-régionale en étant une sous-activité.

Historique : Les origines de la phytothérapie en Afrique

L’Afrique, continent vaste et diversifié, possède un assortiment abondant d’espèces botaniques. Chaque zone géographique possède sa propre flore, dont beaucoup jouent un rôle crucial dans les pratiques médicinales traditionnelles depuis des siècles, voire des millénaires. Alors que l’industrie pharmaceutique accorde une plus grande importance aux composés dérivés des plantes, les recherches scientifiques modernes sur les remèdes à base de plantes africains offrent l’occasion d’acquérir des connaissances historiques et d’identifier potentiellement les progrès futurs.

Cet article explore une série de plantes africaines remarquables, réputées pour leurs propriétés médicinales, en établissant des comparaisons entre leurs utilisations traditionnelles et modernes.

 Le lien entre modernité et tradition.

La convergence de la sagesse traditionnelle et de la recherche moderne offre un terrain fertile pour les progrès de l’industrie pharmaceutique. En étudiant et en respectant les connaissances des herboristes africains, nous sauvegardons l’héritage culturel et facilitons l’exploration de nouvelles perspectives thérapeutiques.

La médecine traditionnelle africaine est un domaine très vaste qui prend en compte les aspects spirituels, sociaux et environnementaux en plus de la santé physique. Les praticiens, communément appelés herboristes ou guérisseurs traditionnels, transmises de génération en génération, sur la préparation, la prescription et l’application de divers remèdes à base de plantes. Nous avons à faire à une approche alicamentaire (aliment médicament). Que l’on retrouve dans la médecine traditionnelle asiatique et âyurvédique.

Principaux  alicaments 

On peut retenir :

I Armoise d’Afrique (Artemisia afra)

II Beurre de karité (Vitellaria paradoxa)

III Gingembre africain (Siphonochilus aethiopicus)

IV Griffe du diable (Harpagophytum procumbens)

V Moringa (Moringa oleifera)

VI Rooibos (Aspalathus lineari)

1°: L’Artemisia afra

 Application traditionnelle : L’Artemisia afra, appelée familièrement « absinthe africaine », est depuis longtemps un élément fondamental des remèdes traditionnels, en particulier dans la région de l’Afrique australe. Elle a même été utilisée dans le traitement du paludisme, des fièvres et des rhumes.

Application moderne : Les prouesses de la plante dans la lutte contre le paludisme ont attiré l’attention internationale. L’artémisinine, un composant clé du traitement de première ligne contre le paludisme, est un composé dérivé de l’Artemisia annua, une espèce étroitement apparentée. Les recherches scientifiques menées sur l’Artemisia afra suggèrent qu’elle pourrait également contenir des composés efficaces contre la maladie.

2° Le beurre de karité

Application traditionnelle : qui provient des graines de l’arbre de karité, fait partie intégrante des régimes de beauté ouest-africains depuis de nombreuses générations. On pensait qu’il offrait une protection contre les conditions environnementales difficiles et qu’il hydratait l’épiderme.

Application moderne : Le beurre de karité a été adopté avec enthousiasme par l’industrie cosmétique internationale. Les attributs anti-inflammatoires et hydratants de cette substance ont été validés par des études scientifiques, ce qui explique qu’elle soit largement utilisée dans les crèmes et les baumes hydratants.

3° Le gingembre africain

Application traditionnelle : est un spécimen botanique qui jouit d’une grande estime dans diverses cultures africaines en raison de ses nombreux attributs thérapeutiques. Historiquement, il était utilisé pour traiter la grippe, la fièvre et les rhumatismes. Ses propriétés anti-inflammatoires notables en font un remède de choix pour une multitude de problèmes internes et externes.

Application moderne : La communauté scientifique a confirmé les applications traditionnelles du gingembre africain. Outre ses caractéristiques anti-inflammatoires, il présente un potentiel en tant que médicament contre les micro-organismes et les champignons. L’étude de ses composants est en cours afin d’évaluer leur potentiel d’intégration dans les produits pharmaceutiques modernes.

4° La griffe du diable

Application traditionnelle : ainsi nommée en raison de la forme particulière de ses fruits, est originaire du désert du Kalahari, en Afrique australe. Historiquement, ses tubercules étaient utilisés pour traiter les douleurs, en particulier les douleurs osseuses et articulaires.

Application moderne : De nos jours, les propriétés analgésiques et anti-inflammatoires supposées de la griffe du diable ont fait l’objet d’une attention considérable. L’utilisation d’essais cliniques pour traiter l’arthrose et les douleurs lombaires s’est révélée prometteuse.

5° Horiganum Moringa

 Application traditionnelle, connu familièrement sous le nom « d’arbre à baguettes », a été historiquement incorporé dans les pratiques alimentaires et médicinales de nombreuses régions d’Afrique. On croyait que ses graines, ses gousses et ses feuilles donnaient de la vigueur et de la vitalité.

Application moderne : À l’heure actuelle, le Moringa est considéré comme un  superaliment. Le profil nutritif abondant de cette substance, qui comprend des vitamines, des minéraux et des antioxydants, a été étayé par la recherche scientifique. L’intérêt pour ses propriétés supposées antidiabétiques et hypocholestérolémiantes augmente.

6° Le rooibos,

Application traditionnelle : qui trouve ses racines dans les régions montagneuses d’Afrique du Sud, a toujours été une source d’alimentation fondamentale pour le peuple indigène des Khoisans. Il était communément admis que le thé préparé à partir des feuilles de cette plante pouvait guérir toute une série de maladies, y compris les allergies et les problèmes digestifs.

Application moderne : Aujourd’hui, le rooibos est réputé dans le monde entier, en raison de ses nombreuses propriétés antioxydantes et de sa saveur particulièrement agréable. Selon des études, cette plante pourrait avoir des effets bénéfiques sur le système cardiovasculaire et s’avérer prometteuse pour soulager certaines affections cutanées.

Conclusion

 La grande diversité botanique que l’on trouve en Afrique témoigne de l’impact substantiel du continent sur la santé et le bien-être dans le monde. Compte tenu des recherches scientifiques en cours sur ces remèdes conventionnels, il est indéniable que la convergence de la recherche moderne et des connaissances primordiales a la capacité de transformer fondamentalement le domaine des soins de santé. Nous reconnaissons l’interdépendance inhérente qui existe entre le monde naturel et les êtres humains en commémorant l’importance histo