octobre 14, 2024

LES SCIENTIFIQUES FRANÇAIS

REVUE DE PHILOSOPHIE DE LA PAIX

La terre arménienne – une source d’innovations

Prof. Vehary Sakanyan

Université de Nantes, IICiMed, Faculté de Pharmacie, 1 rue Gaston Veil 44035 Nantes

vehary.sakanyan@univ-nantes.fr

vehary.sakanyan@orange.fr

Les mots-clés : terre arménienne, innovation technologique, fouilles archéologiques, civilisation transcaucasienne, époque chalcolithique, vinification, viticulture, domestication du chien, observatoire préhistorique, diaspora arménienne, inventeurs arméniens.

Résumé

Les récentes trouvailles archéologiques effectuées sur la terre arménienne témoignent de la créativité impressionnante de l’homme à l’époque du Chalcolithique et donnent une idée du rôle important des innovations dans l’évolution de la civilisation transcaucasienne, l’une des plus anciennes. Les fouilles, entreprises par des expéditions internationales au cours des dernières années dans la caverne d’Areni-1, située dans la gorge de Vajots Dzor, ont permis de découvrir des objets en céramique, du cuir, des débris végétaux et humains. Leur datation par la méthode radiométrique a permis d’établir de façon certaine qu’ils sont issus de l’activité des tribus transcaucasiennes habitant, il y a 6.000 ans, sur la terre arménienne. Une des découvertes majeures est celle du mocassin de «haute couture», soulignant que cette innovation pour l’habillement de l’homme est plus ancienne qu’on a pensé. Une autre innovation de valeur faite par l’homme préhistorique est l’élaboration d’une technologie de vinification à grande échelle en utilisant une espèce domestiquée de la vigne. Ceci et d’autres innovations remarquables, dont la création des observatoires en pierre pour scruter le ciel et la domestication du chien afin d’assurer la vie quotidienne, pourraient déterminer le progrès graduel des tribus transcaucasiennes.

La nation arménienne, réunie en l’Etat Urartu au début du premier millénaire av. J-C, s’est distinguée par ses connaissances étendues dans la métallurgie et l’architecture. Au cours des derniers siècles, à cause des circonstances historiques, beaucoup d’Arméniens ont quitté leur patrie pour s’installer dans différents coins du monde. La diaspora arménienne a joué un rôle important dans la dissémination des connaissances uniques accumulées au cours des siècles et aussi dans la préservation de sa culture authentique. Plusieurs innovations remarquables sont liées aux noms des Arméniens vivant dans l’ex-URSS (majoritairement en Russie), aux Etats Unis, en Europe et ailleurs. Malgré les cataclysmes historiques récents et l’exode des cerveaux, le peuple de la République d’Arménie a pu conserver son esprit d’innovations. Actuellement, l’informatique est le domaine principal qui a suscité l’intérêt des grandes firmes étrangères à investir dans le développement des technologies innovantes. L’introduction des technologies innovantes dans l’économie arménienne dépend en première ligne de la résolution des problèmes énergétiques et de la diversification des sources énergétiques.

Présentation

Le haut plateau arménien est l’un des plus anciens berceaux de la civilisation dont témoignent les nombreuses données archéologiques. Dans cet exposé, dédié aux 25 ans de l’Académie Internationale des Sciences Ararat, je voudrais vous présenter les découvertes récentes faites en Arménie en soulignant la valeur des innovations de l’époque préhistorique dans l’avancement de cette civilisation. Cette vision d’une personne du 21ème siècle sur le rôle des innovations permet de mieux comprendre la succession des évènements culturels survenus sur la terre arménienne. C’est aussi une réflexion pour montrer l’importance de la créativité humaine à travers les siècles.

L’innovation est un changement dans la pensée visant à exécuter une action nouvelle qui s’inscrit dans une perspective d’applications. On dit aujourd’hui que l’innovation est un moteur de croissance pour l’économie d’un pays. Elle est basée sur les inventions, regroupant des méthodes et des techniques pour résoudre un problème pratique, différent selon chaque époque. A titre d’exemple, de nos jours, l’invention d’Internet est une innovation majeure pour l’humanité. Dans cette optique, je vous présenterai tout d’abord les innovations très anciennes faites en terre arménienne et puis quelques inventions majeures réalisées par le peuple arménien.

Il est connu que l’histoire de l’obsidienne est celle de l’Homme préhistorique. Les mines d’exploitation de l’obsidienne ont été trouvées dans différents pays de la planète, y compris en terre arménienne où une civilisation transcaucasienne a habité dans la région montagneuse entre les lacs Sevan et Van (Wikipédia, Fig. 1A). Les tribus de cette région ont utilisé cette pierre pour préparer des accessoires du quotidien, des armes et des outils, tels que les couteaux primitifs et les pointes des flèches (Pinhasi et al., 2006; Fig. 1B).

L’exploitation de l’obsidienne fut donc une innovation technologique, peut-être une des plus anciennes. Mais, l’obsidienne arménienne, la seule au monde à être translucide et réputée pour sa beauté, devient peu à peu une pierre de prestige, une innovation culturelle et commerciale qui a traversé les frontières de cette région.

Récemment, des découvertes archéologiques faites dans la gorge de Vaots Dzor ont attiré une attention particulière. C’est une histoire qui remonte à la guerre froide. A la fin des années 1970, le ministère de la Défense soviétique a mené une enquête sur les grottes à travers l’Arménie pour choisir celles qui pourraient être utilisées comme abri en cas de guerre nucléaire. La cartographie de la Vallée de la rivière Arpa a permis de découvrir 39 cavernes dont certaines présentaient des signes d’habitation d’hommes anciens (Fig. 2A). En 2006, une équipe internationale, dirigée par Boris Gasparyan, Ron Pinhasi et Keith Wilkinson, a commencé des fouilles dans la caverne Grotte de l’Oiseau, plus tard renommée Areni-1 (Fig. 2B). La caverne Areni-1 se compose de différentes galeries, de passages et de niches dans lesquels on découvre du cuir, des fruits, de l’herbe et du bois. Ces produits organiques sont exceptionnellement bien conservés grâce à la température stable et à l’atmosphère non favorables à la croissance des champignons. En 2007 les chercheurs de l’Université de Los Angeles, dirigés par Gregory Areshian, se sont joints à cette équipe et ensemble ont organisé une deuxième expédition qui a rapporté des résultats scientifiques importants (Areshian et al., 2012). Cette nouvelle équipe pluridisciplinaire, composée d’archéologues, de botanistes, de biochimistes, de spécialistes de la poterie et de la métallurgie ancienne, a effectué une étude approfondie des objets trouvés dans la caverne. Une analyse de la datation des objets et des produits, faite en appliquant la technique radiométrique (par comptage du 14C résiduel contenu dans la matière organique), a mis en évidence l’ancienneté de la caverne Areni-1 remontant à la période Chalcolithique. L’application de cette méthode à des événements anciens permet de les dater beaucoup plus précisément qu’auparavant.

Dès le début des fouilles, un mocassin, fait d’un seul morceau de cuir et rempli d’herbe séchée a été trouvé (Fig. 3). Les échantillons de cuir, d’herbe et de charbon prélevés ont été analysés et les résultats publiés en 2010 (Pinhasi et al., 2010). A la surprise des archéologues, il a été déterminé que ce mocassin avait environ 5.500 ans, c’est-à-dire 1000 ans de plus que la chaussure en cuir d’Ötzi, l’homme des glaces, retrouvé il y a 30 ans dans un glacier alpin à la frontière italo-autrichienne et qui avait suscité beaucoup d’émotions. Quatre estimations indépendantes des échantillons du cuir et des herbes ont prouvé que leur âge se situait entre 3653 et 3377 av. J-C (Areshian et al., 2012). Ainsi, ce mocassin arménien de «haute couture», par rapport aux sandales égyptiennes anciennes, constituerait une innovation majeure pour l’habillement de l’homme, un évènement plus ancien que l’on a pensé.

Des archéologues y ont exhumé aussi un autre trésor, les restes d’un ancien pressoir, une cuve, des fragments de poteries, un bassin d’argile possédant un conduit pour permettre au jus de raisin de se déverser dans la cuve, une vraie technologie de la préparation du vin (Barnard et al., 2011; Fig. 4). L’analyse des herbes sèches (non carbonisées) entourant la cuve a permis d’établir leur origine biologique remontant entre 3967 et 3800 av. J-C. La calibration précise des dates de trois échantillons de pépins et de la pulpe de raisin trouvés dans l’argile et dans le pressoir a situé leur âge entre 4223 et 3790 ans av. J-C (Areshian et al., 2012).

Les paléo-botanistes ont analysé l’ADN des grains de raisin découverts à Areni-1 et déterminé qu’ils appartenaient à l’espèce Vitis vinifera silvestris, une ancienne variété de vigne domestiquée et qui est encore cultivée en Arménie de nos jours (Fig. 5A). Donc, cette vigne pourrait être utilisée dès cette époque pour la préparation du vin. Il est connu que la détection des traces de vin sur les objets archéologiques s’avère très difficile à cause de la disparation de l’alcool avec le temps. Afin de confirmer l’ancienneté du vin, les chercheurs ont appliqué une nouvelle méthode de détection d’un marqueur particulier, la malvidine (Barnard et al., 2011; Fig. 5B). Ce pigment rouge caractéristique du raisin a l’avantage d’être plus stable et présent dans un petit nombre d’espèces végétales, telles que la vigne. La détection de la malvidine est basée sur son traitement dans les conditions basiques provoquant sa transformation en acide syringique qui peut être détecté par spectrométrie de masse. Cette molécule a été décelée sur le pressoir et sur d’autres objets en céramique de la caverne, preuve de la préparation du vin à partir de la vigne domestiquée il y a 6100 ans sur la terre arménienne. Il faut noter que les Égyptiens détiennent des archives faisant référence à l’utilisation du raisin pour produire du vin à partir des échantillons trouvés dans la tombe du roi égyptien Scorpion 1eret sa datation a été établie à 5100 ans (environ 3100 ans av. J-C). Donc, les trouvailles dans Areni-1 sont d’environ 1000 ans plus anciennes.

L’apparition à cette époque de la viticulture et de la vinification à une échelle importante, accompagnée par le développement des techniques céramiques, ne témoigne pas de la dégradation des mœurs de la société, mais au contraire, de l’état avancé de la civilisation transcaucasienne. Pour mieux comprendre la valeur du procédé de la préparation du vin, primitif à l’époque, suivons la fabrication du vin de nos jours (Fig. 6). La technologie se déroule en 5 étapes: la récolte, le pressage, la fermentation, l’affinage et la clarification. Pour maîtriser la production du vin, il faut connaitre les cycles de la vigne, savoir comment l’alimenter en eau et la protéger des dégâts. Toutes les étapes, excepté celle de la clarification du vin par les techniques modernes, auraient pu être effectuées par l’homme préhistorique. Ainsi, la domestication de la vigne sauvage et la transformation des hydrates de carbone en alcool par les levures au cours de la vinification sont des innovations marquantes prouvant l’avancement de la société humaine de l’époque. Je pense que ces résultats impressionnants comblent des lacunes de l’histoire de l’Arménie tout en apportant une connaissance intéressante de l’évolution culturelle de l’homme.

Les tribus transcaucasiennes ont été aussi intéressées par le cosmos comme en témoigne un site Zorats karer (en français Pierres des Guerriers), nommé officiellement l’observatoire de Karahunj, localisé pas loin de Sissian à une altitude de 1770 m (Fig. 7). Les faits marquants de cet ensemble mégalithique de 5000 ans sont des pierres positionnées de façon alignée et systématique pour l’observation du ciel. De plus, les trous découverts sur certaines pierres sont dirigés vers l’horizon pour scruter le ciel nocturne, les cercles lunaires ou même le lever du soleil au solstice. On pense que ces pierres percées seraient les prédécesseurs des sextants optiques modernes et des télescopes.

D’autres découvertes intéressantes ont été faites à Metsamor, pas loin d’Erevan. Les dessins sur les pierres, déchiffrés par Elma Parsamian en 1966, indiquent les positions précises du Soleil, de la Lune et des planètes et leurs mouvements (Fig. 8). Ensemble, ces observations laissent à penser que les tribus transcaucasiennes ont utilisé leurs connaissances sur l’astronomie dans l’agriculture. Autrement dit, c’est une application de l’innovation «cosmologique» pour les préoccupations «terrestres» par ces tribus.

Passons à la domestication du chien, une innovation majeure dans l’histoire de l’homme, dont la première remonte à environ 15.000 ans en Chine. Les pictogrammes et les pétroglyphes trouvés sur le plateau de l’Arménie indiquent que le chien a été aussi domestiqué il y a 3000 ans dans cette région. L’espèce la plus connue à nos jours est un chien de berger, le Gampr arménien (appelé aussi Aralza ou Gelkheght), réputé très méfiant vis à vis de ceux qu’il ne connait pas, mais dévoué à son maître et à sa famille, à leur troupeau (http://en.wikipedia.org/wiki/Armenian_Gampr_dog).J’ai décidé de parler de cette formidable espèce canine pour la raison suivante. Au cours des 20 dernières années, le Gampr a gagné du terrain dans le cercle officiel turc sous différents noms, en particulier sous le nom «Anatolian Karabash dog». Les descendants du Gampr ont été décrits comme étant des espèces créées par les Turcs en ignorant leur véritable origine. En Arménie on a réagi à cette falsification et un timbre postal a été consacré au Gampr (Fig. 9). En avril 2011, l’Union Internationale Cynologique (IKU) a officiellement reconnu le chien-loup arménien comme une race nationale (http://armeniansworld.com).

Par ailleurs, des témoignages historiques indiquent que des moines auraient introduit le Gampr dans les Alpes suisses dans les années 1660 où il serait à l’origine du Saint Bernard, une belle espèce réputée salvatrice de l’homme. Les études scientifiques, basées sur l’analyse de l’ADN de nombreuses races canines, ont permis d’établir leur appartenance génétique en les répartissant en 4 groupes et le chien Saint Bernard présente un cluster distinct dans le groupe Herding (Ostrander and Wayne, 2005, voir Fig. 9). Malheureusement, l’analyse de l’ADN du Gampr n’a pas été effectuée dans ces études, réalisées avant la reconnaissance officielle du chien arménien. Néanmoins, la localisation du chien Saint Bernard dans un cluster distinct, l’histoire de l’introduction du Gampr dans les Alpes et les aspects morphologiques similaires entre les deux espèces soulignent leur apparenté et indiquent l’ancienneté du chien arménien. Je crois que la vérité sur l’origine du Gampr vis-à-vis des chiens turcs sera prouvée prochainement par l’analyse de leur ADN.

La langue arménienne constitue une branche isolée du groupe indo-européen (Guréghian, 2011). L’apparition des Arméniens en tant que nation est sujette à controverses et les spécialistes de l’Arménologie peuvent mieux l’argumenter que moi. Il me semble que notre nation se soit formée au début du premier millénaire avant J-C par une fusion graduelle des tribus technologiquement et culturellement avancées et parlant la même langue. Cela a été suivi par l’instauration de l’état d’Urartu. De nombreuses trouvailles archéologiques et les légendes témoignent de l’activité du peuple arménien de cette époque, en se distinguant spécialement par ses connaissances étendues dans la métallurgie et l’architecture.

Plus tard, vers 405 de notre ère, le moine Mesrop Mashtots a créé l’alphabet, une innovation d’une importance exceptionnelle pour le développement de la culture avec l’ouverture de nombreuses écoles et l’apparition d’œuvres littéraires, de traités philosophiques, historiques, de travaux sur les sciences naturelles, la géographie, l’astronomie, les mathématiques, etc (Fig. 10). La période du Vème au VIIème siècle est considérée comme l’Age d’or de l’Arménie. Puis, du 10ème au 13ème siècle, les monastères deviennent des centres importants d’éducation. Dans l’un de ces monastères, le prêtre Mkhitar Heratsi a écrit une encyclopédie sur la médecine dans laquelle il a postulé que la fièvre provient des changements intérieurs dans le corps, une idée révolutionnaire pour la médecine médiévale.

Les inventions et les connaissances accumulées pendant des siècles ont dépassé les frontières arméniennes. Une peinture rouge, connue sous le nom «Vordan Karmir », préparée à partir d’un ver répandu dans la vallée du Massis, a été exportée en Inde et en Chine pour colorer la soie. Une reconnaissance mondiale des artisans arméniens se manifeste dans la fabrication d’autres colorants connus sous les noms d’Armenian Bole, d’Armenian Green ou encore d’Armenian Blue (Mayer, 1991). Le Papier d’Arménie, dont la préparation implique la résine de benjoin, réputée depuis l’Antiquité pour ses propriétés antiseptiques, cicatrisantes et expectorantes, reste toujours le seul désodorisant d’intérieur à être utilisé sous forme de papier dans le monde entier.

La diaspora arménienne a joué aussi un rôle important dans la préservation de la culture arménienne. En Europe, on a pu étudier l’histoire, la littérature et la langue arménienne dans les monastères, fondés sur l’île San Lazzaro dans le golfe Vénitien en 1717 et à Vienne en 1810 et dans les écoles ouvertes par les pères mekhitaristes (Fig. 11). Les Arméniens ont fait des inventions remarquables dans plusieurs domaines de la vie. La première invention officielle date de 1564 quand Anton Surian a breveté une méthode de construction d’un ponton protégeant Venise des vaisseaux provenant de la lagune de la mer Adriatique. Je vous rappelle, que le brevetage, en tante qu’acte de protection juridique de la propriété intellectuelle, est apparu dans la première moitié de XIII siècle en Angleterre. En 1854 aux Etats-Unis, Christopher Der-Seropian a développé une technique de production des couleurs verte et noire qui ont été immédiatement utilisées pour sécuriser le dollar papier contre les falsifications, une invention restante toujours actuelle. En 1894, Lvov Ioanes Gukasian a proposé une lampe au kérosène, utilisée en Allemagne comme lustre avant l’ère de l’électricité.

Le peuple arménien a apporté une contribution importante dans différents domaines en ex-URSS; 33.000 brevets ont été déposés durant la période 1924 -1991. Les noms d’Artem Mikoyan, le créateur du premier avion de chasse soviétique à réaction supersonique, d’Hovhannes Adamian, l’inventeur de la télévision en couleur ; de Nikolai Enikolopov, un des fondateurs de la science des polymères ; de Sos Alikhanian, le fondateur de l’école soviétique de génétique des micro-organismes et de l’industrie microbiologique resteront pour toujours gravés dans l’histoire malgré la disparition de l’Union soviétique. Malheureusement, dans cette présentation je ne peux pas citer les noms de tous les inventeurs éminents dispersés dans le monde.

A la fin de cet exposé je voudrais brièvement décrire la situation actuelle du développement des technologies innovantes et leurs implantations en République d’Arménie. Deux cataclysmes consécutifs, le séisme suivi par la chute de l’ex-URSS, qui a été fermé derrière le «rideau de fer», ont sérieusement affecté l’économie et la vie en Arménie. De nombreux spécialistes de haut niveau, les inventeurs éventuels, ont été quitté le pays, un phénomène de «brain drain» (Fig. 12). Certains considèrent que cet exode de cerveaux est une menace importante pour le développement du pays. Mais je pense que la peur de cet exode est exagérée. Des études récentes de ce problème dans d’autres pays montrent, que l’exode est bénéfique pour le pays «exportateur». De plus, la mondialisation de l’économie stimule une «circulation des cerveaux» entre différents pays. Ainsi, si la politique économique de l’Arménie devient attractive pour ses citoyens qui travaillent à l’étranger, ils reviendront.

Malgré les difficultés, la situation économique de l’Arménie s’améliore doucement et le peuple maintient son esprit d’innovations. Un des secteurs clés pour le pays est l’informatique qui compte environ 300 petites sociétés dont le chiffre d’affaires s’élève à 200 millions d’euros. Récemment, Microsoft et Apple, les deux compagnies leaders dans ce domaine, ont été intéressées par les travaux des informaticiens arméniens. Ces compagnies soutiennent des inventeurs individuels et les start-up qui sont impliquées dans le développement d’outils informatiques et de leurs applications. D’autres secteurs prometteurs sont la chimie et la pharmacologie. Actuellement le pays ne produit que quelques médicaments génériques, mais il envisage d’exporter, d’ici à quelques années, des produits et des outils médicaux, inventés par des scientifiques arméniens.

Je pense que les années à venir seront décisives pour l’Arménie dans l’innovation de l’économie si elle réussit à régler d’abord le problème énergétique. La centrale nucléaire arménienne a été testée et renforcée pour résister aux tremblements de terre en 2012 avec l’aide de l’Union européenne. Par ailleurs, l’Arménie et l’Iran ont l’intention d’entreprendre la construction d’un oléoduc, d’un chemin de fer et d’une centrale hydroélectrique sur le fleuve Araxe en 2012.

Je vous ai présenté ma vision sur le rôle des innovations issues de la terre arménienne pour montrer qu’elles seraient à la base de la création de la richesse culturelle arménienne dans sa pérennité. J’ai été passionné par les découvertes faites dans la caverne Areni-1, qui m’ont stimulé à insister sur le rôle des innovations dans l’histoire de peuple arménien. Je termine cette présentation avec l’image du Mont Ararat, douleur et fierté des Arméniens, qui a accueilli l’arche de Noé, symboliquement représentée par un dessin de mon fils (Fig. 13). Sur cette figure, vous reconnaissez aussi le signe de l’éternité sculpté sur les «katchkars». Je souhaite à tous les scientifiques de l’Arménie et de la diaspora qu’ils continuent à inventer et à innover pour l’Arménie, pour la France et pour l’humanité dans cet esprit d’éternité.

Je remercie chaleureusement le Professeur Gregory Areshian de l’Université de Californie à Los Angeles qui m’a envoyé ses publications récentes sur Areni-1. Je remercie les personnes anonymes de Wikipedia qui ont fourni des informations sur le site http://fr.wikipedia.org. J’ai consulté aussi le site de l’Académie Nationale des Sciences d’Arménie. J’exprime ma gratitude à ma collègue Michèle Lecocq de l’Université de Nantes pour son aide. Je voudrais aussi remercier le Professeur Gérard Bossière, Président de Menez Ararat en Bretagne et le Professeur Agop Kerkiacharian, Président de l’Académie Internationale des Sciences Ararat, pour leur encouragement dans la préparation de cet exposé. Enfin, ma famille, mon épouse Irina Prochina-Sakanyan et mes enfants, Artak et Anna, ont toujours été à mes côtés.

Références bibliographiques

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Guréghian J. V.D. (2011) Histoire d’Arménie. Ed. Yoran Embanner, Fouesnant, 349 pages.

Ostrander E. A. & Wayne R. K. (2005) The canine genome. Genome Res. 15, p. 1706-1716, doi:10.1101/gr.3736605.

Pinhasi R., Gasparian B., Wilkinson K., Schreve D., Branch N. & S. Nahapetyan. (2006). The archaeology of Hovk, north-east Armenia: a preliminary report. Antiquity, 80 (308) June, http://www.antiquity.ac.uk/projgall/king/king.html.

Pinhasi R., Gasparian B., Areshian G., Zardaryan D., Smith A., Bar-Oz G. & Higham T. (2010) First direct evidence of chalcolithic footwear from the near eastern highlands. PLoS ONE, 5(6): e10984. doi: 10.1371/journal.pone.0010984.

Mayer Ralph (1981) A dictionary of art terms and techniques. Ed. Barnes & Noble Books. 447 pages.