m. Arman Seref ( Photo)
Par Prof. Ari TOPOUZKHANIAN, PhD
Histoire de l’Arménie et des Arméniens du monde
racontée au moyen de la philatélie et de la numismatique
J’ai le privilège de présenter une Encyclopédie bilingue français-anglais, destinée à faire connaître la brillante civilisation arménienne au moyen des photos d’une riche collection de timbres, cartes postales, billets de banque, chèques, actions, vignettes, passeports, etc. Tous ces objets appartiennent à un collectionneur chevronné et un philatéliste reconnu, Monsieur Arman SEREF, né à Istanbul et établi en France. Il a reçu plusieurs médailles en participant depuis 1960 à de nombreuses expositions philatéliques internationales, où il a été récompensé à plusieurs reprises pour la qualité de sa collection (Izmir en 1973, Sofia en 1975, Madrid en 1973, Paris en 1975). Il a reçu un Diplôme du Ministère de la Diaspora de la République d’Arménie, et tout récemment la Médaille d’argent décernée par La Renaissance Française.
La passion pour les objets et documents originaux arméniens a fait d’A. SEREF un chercheur émérite et l’a ramené à réfléchir à un projet de publication dont l’objectif serait de partager sa collection et le fruit de ses recherches à travers les pages d’un livre. De là est né cet ouvrage qui parut en 2017, rassemblant un grand nombre de documents de différentes époques cités plus haut, accompagnés de textes et d’explications de l’auteur. Les documents et les objets présentés sont classés chronologiquement. Chaque représentation accompagnée d’un symbole en forme d’aigle vert certifie l’appartenance à la collection de l’auteur. La photo de chaque objet est accompagnée d’une note explicative, et à la fin de l’ouvrage on trouve un index des personnalités et des institutions arméniennes qui ont été mentionnées.
L’histoire relatée commence évidemment au Mont Ararat, symbole de l’Arménie, où a échoué l’arche de Noé, et se termine par l’évocation d’artistes renommés de la photographie, du cinéma et de la chanson, comme Ara Güler, Yousuf Karsh, Sergueï Paradjanov, Gregory Peck et Cherilyn Sarkisian La Pierre.
La religion primitive des Arméniens est représentée par la tête en bronze de la déesse Anahit conservée au British Museum, et l’histoire préchrétienne par le conquérant Tigrane II le Grand, dont l’empire s’étendait jusqu’à Jérusalem.
Après l’adoption par l’Arménie du christianisme comme religion d’Etat en l’an 301, grâce au témoignage de Saint Grégoire l’Illuminateur, on arrive quelques siècles plus tard au royaume des Bagratides, dont les ruines de la capitale Ani constituent un site touristique très recherché en Turquie orientale, tout comme le siège d’un Catholicossat éphémère à l’île d’Aghtamar, situé dans le lac Van.
L’invention de l’alphabet arménien en l’an 406 par Saint Mesrob a été le point de départ de la littérature arménienne, dont les manuscrits anciens sont exposés à la bibliothèque Matenadaran d’Erévan.
Le premier ouvrage écrit avec cet alphabet original a été la Bible traduite d’après les manuscrits syriaque et grec, ce qui a consolidé la foi chrétienne des Arméniens au point où ils ont pris les armes pour s’opposer aux Perses qui voulaient les convertir au mazdéisme et à l’adoration du feu. Ce fut la bataille d’Avarayr, sous le commandement du héros Vardan Mamikonian.
Quelques siècles plus tard l’Arménie a été envahie par les Arabes, et le héros de la résistance fut le légendaire David de Sassoun. Vers la fin du 11e siècle un petit royaume arménien fut fondé en Cilicie, et dura 3 siècles, de 1080 à 1375, date de la chute de sa capitale, Sis, tombée aux mains des Mamelouks. Son dernier roi, Léon VI, fut inhumé au couvent des Célestins à Paris, et son gisant se trouve à la basilique de Saint Denis.
Les commerçants arméniens du Moyen Âge s’étaient établis à Venise, et c’est là que fut imprimé par Hagop Meghabard en 1512 le premier livre arménien, à peine 57 ans après l’invention de l’imprimerie par Gutenberg. Deux siècles plus tard une congrégation religieuse s’installa dans l’île voisine de Saint Lazare, sous la houlette du moine Mekhitar. C’est dans cette « Petite Arménie » que le célèbre poète anglais Lord Byron est venu apprendre l’arménien.
Le Génocide des Arméniens débuta le 24 avril 1915, par l’arrestation à Istanbul puis la déportation de 600 intellectuels dont le R.P. Komitas. Sa vie a été sauvée grâce à l’intervention d’ambassadeurs occidentaux, mais il a perdu la raison et a été soigné dans un établissement psychiatrique parisien jusqu’à sa mort. Devant sa statue, place du Canada à Paris, se recueillent les Arméniens tous les 24 avril. Les autres intellectuels, comme les écrivains Siamanto, Daniel Varoujan, Rouben Sevag, ont pratiquement été tous assassinés dans leur lieu de déportation.
Il existait bien des partis politiques arméniens depuis 30 ans, mais ils n’ont pas pu empêcher le désastre, les hommes politiques français arménophiles non plus, comme Georges Clémenceau et Jean Jaurès.
Il y eut cependant quelques poches de résistance et des actes de bravoure, notamment à Moussa Dagh, montagne où se sont réfugiés des Arméniens, ont résisté héroïquement à l’armée turque, et lorsqu’ils n’avaient plus de munitions, ils ont demandé l’aide de la flotte française qui faisait le blocus de la côte syrienne. C’est l’amiral Dartige du Fournet qui les sauva et les transporta à Port-Saïd, en Egypte. C’est l’écrivain autrichien Franz Werfel qui immortalisa cette épopée par son roman Les Quarante jours de Musa Dagh .
Divers timbres ont commémoré le Génocide de 1,5 million d’Arméniens. Ce crime contre l’humanité a été dénoncé par d’éminentes personnalités étrangères comme le vicomte anglais James Bryce, l’explorateur et diplomate norvégien Fridtjof Nansen, qui créa le passeport Nansenpour les réfugiés arméniens, l’ambassadeur des Etats-Unis Henry Morgenthau, et le pasteur allemand Johannes Lepsius. Des sociétés missionnaires allemandes, américaines et françaises ont recueilli les orphelins.
Vers la fin de la 1ère Guerre mondiale, les troupes turques tentèrent d’anéantir les Arméniens encore en vie sur un tout petit bout de territoire qui restait de l’Arménie historique. Mais toute la population s’est levée comme un seul homme pour l’ultime bataille, sous le commandement d’officiers arméniens de l’armée russe. Les envahisseurs ont été battus notamment à Sardarabad, et le 28 mai 1918, il y a 103 ans, a été proclamée la naissance de la 1ère République d’Arménie. Après 5 siècles d’inexistence de l’État arménien, celui qui reprenait vie a émis aussitôt des passeports, et bien sûr des timbres, préparés à l’imprimerie de Chassepot à Paris, ainsi que des billets de banque figurant dans la collection d’A. SEREF.
Le 29 novembre 1920 est née la 2ème République d’Arménie par la soviétisation de la première. De nouveaux timbres ont été mis en circulation, ainsi que de nouveaux billets de banque, et même des tickets de loterie. Après l’implosion de l’U.R.S.S., chacune des 15 républiques qui la composaient a déclaré son indépendance. Il en fut de même des Arméniens, qui fêteront le 21 septembre 2021 le 30ème anniversaire de leur 3èmeRépublique. Elle a été reconnue de la communauté internationale et a son siège à l’ONU.
Tous ces événements historiques ont été relatés par photos interposées dans ce volumineux ouvrage de référence, sans oublier les Arméniens célèbres qui ont laissé leur empreinte dans l’histoire universelle et non pas seulement arménienne. Sont cités notamment :
- des peintres comme Ivan Aïvazovski, Jean Carzou et Martiros Sarian;
- des scientifiques comme le chimiste Ignacy Lukasiewicz et l’astronome Viktor Hampartsumian, ex-Président de l’Union astronomique internationale ;
- des inventeurs comme Hovhannes Adamian qui créa le premier téléviseur en couleurs, et Artem Mikoyan, concepteur des fameux avions de combat MIG ;
- des généraux comme Andranik Ozanian et Alexandre Souvorov;
- des écrivains comme William Saroyan;
- des musiciens comme le célèbre Aram Khatchatourian;
- et enfin, bien sûr, des hommes d’affaires exceptionnels tels que :
- la dynastie des Ipranossian, célèbres industriels et commerçants de l’Empire ottoman possédant une compagnie de bateaux à vapeur ;
- Alexandre Mantashov, magnat du pétrole, une des personnes les plus riches du monde au début du 20e siècle ;
- Calouste Gulbenkian, appelé « Monsieur 5% », créateur à Lisbonne de la fameuse Fondation qui porte son nom ;
- et plus près de nous, Napoléon Bullukian, mécène lyonnais bien connu, à l’origine de la Fondation qui porte son nom et celui de son épouse.
Cette encyclopédie monumentale peut être commandée à l’association culturelle Les Amis de Vahan Tekeyan, 96 rue de la Pagère, 69500 Bron (France). Courriel : arman.seref@orange.fr . Tél. +33 6 07 45 25 74.
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